Perçue comme une opportunité économique," la transition énergétique sera une de nos priorités", a assuré Manuel Valls, lors de son discours de politique générale, mardi 8 avril à l'Assemblée nationale.
A travers ce prisme, le Premier ministre lui voit différents avantages : "elle réduit notre déficit commercial et consolide notre souveraineté, renforce notre pouvoir d'achat grâce aux économies liées aux travaux de performance énergétique des bâtiments".
Pour construire plus rapidement et moins cher des logements, Manuel Valls a dans le même temps annoncé 50 mesures de simplification des règles et normes existantes "sans transiger sur la qualité et la performance", a-t-il assuré. Les arrêtés devraient être publiés d'ici l'été.
Le Premier ministre a rappelé que la France accueillera la 21e conférence sur le climat en 2015 mais également les objectifs de réduire de 30% la consommation des énergies fossiles d'ici 2030 et de baisser de 40% les émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement devrait pour cela présenter une stratégie bas carbone au Parlement.
Manuel Valls a également réaffirmé la volonté du gouvernement de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% d'ici 2025. Cet engagement sera inscrit dans la loi sur la transition énergétique. Cette dernière devrait être présentée au conseil des ministre avant l'été.
"Les écologistes (…) déplorent l'absence d'objectifs de développement des énergies renouvelables ou d'efficience énergétique, alors même que ces secteurs sont source de centaines de milliers d'emplois non-délocalisables", ont réagi Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts.
Selon FNE, "les annonces du Premier ministre sont maigres et ne sont que des rappels des engagements pris par le Président de la République".
Réforme du "millefeuille territorial"
Pour obtenir les 50 milliards d'économie en trois ans, le gouvernement compte notamment sur les collectivités locales et vise 10 milliards d'économie. Il entend également réformer le "millefeuille territorial".
"Les régions doivent disposer d'une taille critique pour accompagner la croissance des entreprises et encourager les initiatives locales", estime Manuel Valls.
L'objectif affiché est de réduire de moitié le nombre de régions dans l'hexagone. Si dans un premier temps, il remet la décision aux régions (qui pourront fusionner par délibération), en revanche, après mars 2015, le gouvernement proposera une nouvelle carte des régions (qui sera établie le 1er janvier 2017).
Une nouvelle carte intercommunale sera également proposée et entrera en vigueur le 1er janvier 2018.
Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande avait plaidé pour une "clarification stricte des compétences entre collectivités territoriales" : Manuel Valls confirme cette volonté et a annoncé dans son discours la suppression de la clause de compétence générale (rétablie par la dernière loi de décentralisation).
Le rapport de Michel Lesage, quant à lui, appelait à son rétablissement pour améliorer la gouvernance de la politique de l'eau.
Enfin, le Premier ministre souhaite la suppression à l'horizon 2021 des conseils départementaux : un débat, associant les élus et les citoyens, sera engagé sur leur avenir.
Le président de l'Assemblée des Départements de France (ADF), Claudy Lebreton, s'est dit dans un communiqué "abasourdi" par cette proposition. Il demande à être reçu, avec une délégation pluraliste, dans les meilleurs délais par le Premier ministre afin d'obtenir des explications.
"Le maillage territorial des préfectures, des sous-préfectures, ne sera pas remis en cause, mais il faudra l'adapter progressivement à la nouvelle donne territoriale", a précisé Manuel Valls.
Un projet de loi de finances rectificative viendra traduire au début de l'été les économies proposées.
"Nous avons perdu notre compétitivité, la différence avec l'Allemagne s'est creusée, nous avons besoin d'entreprises sur des filières nouvelles, hisser l'environnement à un nouveau rang, a conclu Manuel Valls, dans le monde d'aujourd'hui pour peser, il faut être une grande puissance".
L'Assemblée nationale a approuvé, par 306 voix pour et 239 contre, la politique générale du Gouvernement.